Le magnétisme après Mesmer

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Le magnétisme après Mesmer

Spiritualisme et sciences occultes

Le magnétisme devient à la suite de la diffusion par Mesmer, le pont entre science naissante et mystique ressuscitée. Le XIXe siècle y voit un vecteur d’exploration de l’âme, une porte vers l’au-delà, une méthode d’investigation du subconscient. Camille Flammarion, astronome et écrivain spiritualiste, reprend ces idées et les élargit aux phénomènes spirites et aux communications avec l’autre monde. Dans ses ouvrages, il mentionne de nombreux cas de clairvoyance, de perceptions extra-sensorielles, et d’états modifiés de conscience induits par le magnétisme. Il y voit une preuve possible de la survivance de la conscience après la mort.

Dans le même temps, des figures comme Allan Kardec fondent l’étude des esprits sur les bases du magnétisme. Le « somnambulisme magnétique » devient un état recherché pour entrer en contact avec les défunts. Des séances sont organisées dans des salons bourgeois où le magnétiseur devient un intermédiaire entre mondes.

Le magnétisme comme archéologie de la psyché

Victor Hugo, dans son exil à Jersey, pratique le spiritisme avec passion. Ses carnets de séances spirites, remplis de dialogues avec des entités comme « Molière » ou « Shakespeare », témoignent de sa fascination pour ces forces invisibles. S’il ne théorise pas le magnétisme, Hugo y voit une métaphore puissante : celle des flux secrets de l’être humain, des influences mystérieuses qui traversent les corps et les mots.

Le magnétisme devient chez lui un langage de l’invisible, une manière de dire ce qui échappe à la parole rationnelle. Dans ses poèmes, il évoque cette matière subtile où les âmes se frôlent, s’attirent, se transforment.

 Approche scientifique et neurologique

Aux confins du XIXe et du XXe siècle, le magnétisme entre dans les laboratoires. Jean-Martin Charcot, à la Salpêtrière, utilise des états hypnotiques (inspirés du magnétisme) pour explorer les troubles hystériques. Freud lui-même s’y intéresse dans ses premières années, avant d’y renoncer pour se consacrer à la psychanalyse. Des protocoles sont mis en place pour étudier les états de transe, les réactions physiologiques, les modifications comportementales.

Mais la difficulté reste la même : comment mesurer l’invisible ? Le magnétisme échappe aux critères reproductibles des sciences dures. Pourtant, certains chercheurs, notamment en neurosciences contemporaines, s’interrogent sur les effets de la suggestion, de l’intention, de l’interaction énergétique entre deux individus.

Validations médicales et controverses

La reconnaissance médicale du magnétisme reste marginale, mais pas inexistante. Dans les années 1990, certaines cliniques explorent les effets de pratiques énergétiques (Reiki, magnétisme, touchers thérapeutiques) sur le stress, la douleur, la convalescence. Des publications comme celles du National Center for Complementary and Integrative Health (USA) mentionnent des résultats mitigés mais parfois significatifs.

En France, l’INSERM a mené des études sur les médecines dites « complémentaires » sans parvenir à des conclusions définitives, mais en reconnaissant l’effet placebo ou l’importance du cadre psychologique. Certains hôpitaux acceptent des magnétiseurs en soins palliatifs ou en accompagnement pré-opératoire, sans valider le principe d’un fluide, mais en intégrant l’impact subjectif positif sur les patients.

Des publications comme Complementary Therapies in Medicine ou Journal of Alternative and Complementary Medicine compilent depuis plusieurs décennies des essais cliniques, parfois en double-aveugle, sur les effets du magnétisme humain — les résultats varient, mais les effets sur la douleur, la fatigue, et l’anxiété sont régulièrement observés.